Amour et sagesse (article)

Le magazine forestois crée par et pour les aîné.e.s s’est invité chez Evaluna. Une journaliste et trois femmes seniors sont venues explorer notre univers et discuter de la sexualité et l’amour au temps des cheveux blancs.. Un chouette moment de partage et de complicité entre Evaluna et ses membres seniors. Car l’amour et la sexualité n’a pas d’âge…

« Si vous désirez recevoir Amour & Sagesse par la poste directement dans votre boîte aux lettres, n’hésitez pas à vous abonner. L’abonnement est à prix libre, à verser sur le compte suivant : IBAN BE36 0688 88971681N’oubliez pas d’indiquer votre nom et votre adresse dans la communication ! »

SEXCURSION

 » Dr Amour s’est posé beaucoup de questions ces derniers temps. Il a même envoyé une lettre de démission à Amour & Sagesse. Une lettre très tragique : « Je n’en peux plus, je ne suis pas à la hauteur, adieu ! » Il est finalement toujours là, malgré le froid glacial, à réchauffer son clavier par le tapotement régulier de ses doigts, avec toujours la même mission en tête – et pas seulement en tête – : parler librement d’amour et de sexualité et faire découvrir des pratiques et de nouveaux plaisirs pour tous les âges. 


Dans ce numéro spécial sexe, Dr Amour a voulu faire du journalisme d’investigation, comme le magazine avec un nom de chien, mais en moins bien forcément. Il est allé directement sur le terrain, en compagnie de trois drôles de dames, pour visiter Eva Luna, un love shop, situé au 41, rue du Bailli, à Ixelles. 
« On ne veut pas mourir bêtes. Personne ne veut mourir bête, c’est pour ça qu’on est là.  Y’a des choses qu’on ne sait pas, mais qu’on découvre plus tard. On est d’une génération où tout ça, c’était tabou. On n’en parlait pas. On partait le matin à 7h, on rentrait à 17h. Le soir, c’était juste pour faire à manger et dormir. Et parfois, le devoir conjugal. Quand j’étais mariée, qu’on recevait une tablée d’amis et que ça déviait sur le sexe, j’étais gênée. Je n’ai jamais vu un gode ! »


Mais, avant de dévoiler toutes leurs découvertes, Dr Amour vous propose un petit test, auquel nos envoyées spéciales ont répondu:  Qu’est-ce que c’est que ça ?  (cf schéma ci-dessous)

  • « Ça, c’est pour mettre dans le vagin ! »
  • « C’est un stimulateur. » 
  • « C’est l’anatomie féminine. »
  • « C’est quoi ? » 

Réponse : C’est un clitoris grandeur nature !
Pour information, le clitoris n’est apparu que tout récemment dans les manuels scolaires, il y a moins de quatre ans ! Alors que pourtant, anatomiquement parlant, il a toujours existé.  Dr Amour pense qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre et qu’il est encore temps de rattraper le temps perdu. 


En marche donc vers le numéro 41, où Dr Amour et ses trois exploratrices, surexcitées, sont attendus. Le lieu est discret, il n’y a rien de choquant dans la vitrine, elles se sentent rapidement à l’aise. Ce n’est pas une vieille qui les accueille, c’est une jeune. Elles s’attendaient à voir une vieille maquerelle. Mais elle est vraiment très gentille, et elle conseille bien. 


« On est plus cool quand c’est une dame, on est plus à l’aise. On est peut-être un peu timide, c’est bête ? C’est étrange, parce que je suis toujours allée chez un gynécologue homme et ça ne m’a jamais dérangée. Je trouvais même qu’il était plus doux que les femmes. Mais avec l’âge, je crois qu’on change. Je ne sais pas, mais maintenant, je préfèrerais peut-être une gynécologue femme. »


Mais qui pousse la porte du love shop ?   « La clientèle est très variée : ça va des adolescents de 15-16 ans aux seniors. Des femmes, des hommes. Des homosexuels, des lesbiennes, des transgenres. Des couples, des gens seuls, qui viennent soit pour eux-mêmes, soit pour faire une surprise. Ils peuvent venir aussi parce qu’ils ont été envoyés par un spécialiste, pour des problèmes de sécheresse vaginale par exemple. Beaucoup de femmes seniors célibataires viennent.  – Ah oui, et qu’est-ce que vous leur proposez ? – Ça dépend de ce dont elles ont envie ! De la lingerie, des jouets, des cosmétiques (lubrifiants, huiles de massages, stimulants…), des accessoires, plumeaux, décorations de seins… Ou encore des masques, des liens, des attaches, des menottes et des choses plus SM, comme des colliers, des laisses et tout ce qui va être des jeux d’impacts, comme des fouets en cuir… »

Découvrons : 
I. LES BOULES DE GEISHA  Les boules de geisha, en plus d’être un sextoy, servent essentiellement à rééduquer le périnée, à le muscler et à le tonifier. Mais, elles sont à éviter si vous avez moins de 40 ans ou si vous n’avez jamais accouché. Demandez conseil, au risque de créer l’effet inverse !  Concrètement, comment ça marche ? Dans les boules, il y a du poids, une petite bille qui se déplace. Quand on les porte et qu’on bouge, ça crée de légères vibrations, des micro-stimulations. Les muscles du périnée vont se contracter. « Et après, pour les enlever, comment tu fais ? » Si vous poussez, ça tombe ! Puis sinon, il y’a une petite ficelle pour les récupérer. Vous pouvez les utiliser 2 à 3 fois par semaine, c’est bien. Ça dépend aussi si c’est en prévention ou si c’est pour un périnée qui a besoin de rééducation. Dans ce cas, ça peut être utile de les porter tous les jours, une demi-heure à une heure. Par contre, il ne faut pas être avachie dans le canapé, il faut au moins être debout, et idéalement marcher, être un peu actif.  


II. LE PLUG ANAL  « Ça, c’est uniquement masculin ! » Et bien non ! Quel scoop, l’anus, nous en avons tous un, homme ou femme ! Le plug, tu vas le mettre dans l’anus et ça va ajouter des sensations lors de pratiques orales ou vaginales, ou pendant la stimulation pénienne ou testiculaire.  « Mais ça, c’est pendant l’acte qu’on le met ? » Oui, mais on peut aussi le porter en journée, aller voir ses amis avec.  Pour la stimulation de la prostate, il faut quelque chose de plus long et courbé. Elle se situe environ à 6-7 cm de l’anus : utilisez votre doigt, cela fera déjà bien le travail ! 


III. LES PINCES À TÉTONS « Je sais qu’il y’a aussi des pinces à testicules. » Les pinces à seins, en tout cas, ça vient pincer le téton, le faire pointer. C’est légèrement douloureux, tout dépend des modèles. Vous pouvez aussi tester avec des pinces à linge.  « J’ai vu dans un film une femme qui était excitée rien qu’à mettre des pinces de sein. Piquée par la curiosité, j’ai voulu essayer sur moi, je me suis testée manuellement. Et moi qui détestais qu’on me tripote les seins, j’ai ressenti quelque chose dans le bas du ventre ! J’ai découvert tout ça après 65 ans. Nos hommes ou nos maris auraient mieux fait de s’informer avant de tripoter leurs femmes ! » Mais encore fallait-il trouver ces informations quelque part…


IV. LES JOUETS FÉMININS  « Moi, en tant que célibataire, j’ai un jouet depuis des années, qui est complètement usé. J’ai abusé de l’engin, il faudrait peut-être le remplacer. » Oui, mais par quoi ? Il existe toutes sortes de jouets féminins, de différentes formes, tailles, couleurs, plus ou moins souples, avec ou sans vibrations.  Contrairement aux idées reçues, on n’est pas « vaginale » ou « clitoridienne ». Il s’agit dans les deux cas d’orgasmes liés à une stimulation du clitoris externe ou interne, qu’on appelle aussi le point G. Certains jouets féminins ont une forme recourbée, pour mieux accéder à ce fameux point. Mais ce n’est pas juste avec une pénétration que vous allez réussir à le stimuler, c’est en effectuant des petits mouvements de pression, des petites vagues, pour venir appuyer dessus. « Le gros bazar rose, le rose, prends-le ! Il est lourd ! C’est joli, c’est un beau machin, ça ! » Les plus fins seront idéals en cas de vaginisme ou de douleurs vaginales, quand le vagin se contracte, se crispe involontairement. 
Le lubrifiant est indispensable. Il permet que ça glisse bien et hydrate en même temps les muqueuses. C’est toujours meilleur avec plein de lubrifiants, surtout après la ménopause.  Choisissez-en un à base d’eau, lorsque vous utilisez des jouets, et à base de silicone pour vos pratiques “natures”. 


V. LE COCKRING  Quand il est vibrant, il est plutôt à destination des couples. Vous pouvez l’avoir dans la main, pour jouer, toucher les tétons, les testicules, le clito, enfin comme on veut. Même juste le bras, la nuque, simplement sur la peau aussi. Mais sinon, le cockring, ça se met à la base de la verge. Ça vient serrer, ce qui permet d’avoir une érection plus dure et de retarder l’éjaculation. Ça peut aussi augmenter un peu l’orgasme de monsieur. La partie vibrante vers le bas, ça vibre sur les testicules,c’est très chouette, et dans l’autre sens, ça peut venir vibrer sur le clitoris.  Il existe aussi d’ailleurs plusieurs sortes de masturbateurs masculins (gaine en silicone avec du relief à l’intérieur) ainsi que des masseurs prostatiques.  


En conclusion, il existe un grand nombre de pratiques possibles, de jouets, d’accessoires, du plus soft au plus hard. N’hésitez pas à pousser la porte d’un love shop, qui saura vous conseiller. À la question : « Est-ce qu’après une période d’abstinence, ça fonctionne encore ? » La réponse est : « OUI ! » Tout peut repartir comme avant, il n’y a pas de date de péremption. Il faudra peut-être faire preuve de fantaisie, de curiosité et de patience, le temps de reprendre contact avec son corps, et explorer de nouvelles sensations. Mais, même après quelques semaines, mois ou années, votre corps fonctionnera toujours. L’envie reste. Il n’y a pas d’âge pour le plaisir, ni pour découvrir son corps ! 


Merci beaucoup à Léa, d’Evaluna Love Concept, pour son accueil, sa gentillesse et ses conseils. Un grand merci aussi à nos trois testeuses, qui ne sont pas reparties les mains vides…