06 Mai La dyspareunie vulvo-vaginale
LA DYSPAREUNIE ?
La dyspareunie se caractérise par des douleurs vaginales plus ou moins fortes pendant ou après une pénétration vaginale. Elle peut s’accompagner de sensations de brûlures et de démangeaisons. De nombreuses personnes ayant un vagin ressentent une douleur lors d’une relation intime au cours de sa vie, ce qui demande d’écouter son corps pour prendre soin de soi et ne pas réitérer la douleur.
La dyspareunie peut être « primaire », lorsqu’elle est présente depuis toujours ou « secondaire » lorsque la douleur survient plus tard, parfois du jour au lendemain. Elle peut être « inférieure », c’est-à-dire que la douleur se situe à l’entrée du vagin ou « profonde », lorsque la douleur se situe au fond du vagin.
Ces douleurs sont trop souvent méconnues, ignorées et/ou négligées, dès lors il est important de mettre des mots dessus, de lever la méconnaissance et le tabou, et de déculpabiliser les personnes en soufrant.
L’adolescence, souvent les premiers signes :
Il est important de noter que la dyspareunie est découverte régulièrement dès l’adolescence, et s’étale au-delà des relations sexuelles aux contextes non-sexuels tels que l’insertion du premier tampon. Outre la possibilité d’une vulnérabilité intrinsèque à la douleur vulvo-vaginale chronique, les variables psychosociales telles que l’anxiété jouent un rôle important dans la dyspareunie à l’adolescence et se poursuit à l’âge adulte.
LES CAUSES DIVERSES
1. LES CAUSES PHYSIOLOGIQUES
*Le vaginisme : la cause la plus répandue
Caractérisé par des contractions involontaires des muscles pelviens qui entourent le vagin, et qui empêchent plus ou moins fortement toutes pénétrations, il peut devenir chronique lorsque le corps intègre peu à peu ces contractions comme un réflexe.
Le vaginisme peut être « primaire », présent depuis toujours ou « secondaire » , consécutif à un événement. Il peut être global,c’est-à-dire qu’aucune pénétration n’est possible (doigt, pénis, spéculum, tampons…) ou partiel, c’est-à-dire que la pénétration n’est pas possible dans certaines situations ou dans certains cas (juste pour une pénétration avec pénis ou juste avec un objet ou toutes autres situations).
Le vaginisme peut avoir une composante psychologique importante, telle, un trauma (abus, viol, phobie..), un sentiment de peur (peur d’une grossesse, de la douleur, de la pénétration ou peurs autres), une honte de son corps, une faible estime de soi, etc… Le vaginisme peut également être interprété comme un signal, un mécanisme de défense envers la pénétration ; il peut être important de s’interroger sur le fait de si l’on en a vraiment envie.
Concernant le vaginisme et le désir de grossesse, il est possible d’avoir recours à la PMA. De plus, les contractions involontaires ne devraient pas affecter ni la grossesse ni l’accouchement. Ce dernier est dans un mouvement d’expulsion et non de pénétration.
*La vulvodynie :
Caractérisée par des sensations de brulures, de coupures et d’irritations localisées, cette affection bien que douloureuse révèle régulièrement un examen clinique normal (bien que nécessaire à effectuer)
Les symptômes se situent au niveau de la vulve (vulvodynie), l’entrée du vagin (vestibulodynie) ou au niveau du clitoris (clitodynie) .
Les douleurs surviennent pendant ou après une pénétration ou lors d’une forte pression sur la zone et, s’étendent généralement sur de longues périodes. Les causes sont multiples et parfois inconnues (vaginites à répétition, cure d’antibiotiques, stress, trauma, pilule contraceptive, infections, lichen , …)
*Les infections et inflammations diverses
Nécessitant souvent un traitement médicamenteux, et révélant un examen clinique ou biologique pathologique, il existe différentes sortes d’affections qui ont chacune leurs propres causes. Nous les citerons sans les détailler et étant non exhaustif. Ces troubles ont leurs propres causes.
La vaginite (inflammation du vagin), vestibulite (inflammation de la vulve), cystite (inflammation de la vessie), urétrite (inflammation de l’urètre), salpingite (inflammation des trompes utérines, les mycoses (Candida albicans…), l’herpès, les Infections Sexuellement Transmissibles (Chlamydia, gonorhée), etc.
*Autres causes plus spécifiques :
– Un hymen atypique : Lorsque la membrane présente une forme qui obstrue presque entièrement l’entrée du vagin.
– Le syndrome de Rokitanski : Absence congénitale de vagin et d’utérus
– L’endométriose : Maladie où des tissus similaires à l’endomètre se développent en dehors de l’utérus (sur les ovaires, trompes de fallope et intestin, etc..)
– Le dérèglement hormonal et les traitements hormonaux : Ceux-ci peuvent perturber le fonctionnement du corps, provoquer des troubles et inflammations.
– Sécheresse vaginale : Le manque de lubrification peut créer des irritations et/ou douleurs.
– Une opération chirurgicale ciblée dans la zone : Il peut y avoir des séquelles physiques, des cicatrices qui peuvent être douloureuses et/ou provoquer des peurs.
– Une blessure ciblée dans la zone : Une chute ou blessure peut provoquer un traumatisme.
– Une mutilation génitale (excision, etc.) : Conséquences cicatricielles et psychiques.
– Un accouchement : Certains accouchements peuvent être vécus comme traumatisants (épisiotomie ou autres…)
– Traitements médicamenteux, chimiothérapie, radiothérapie…
– ...
Après avoir fait un examen clinique qui se révèle normal ou pris en charge, on peut se pencher sur d’autres causes qui, parfois se superposent :
2. LES CAUSES CULTURELLES
Que ce soit une éducation stricte dans l’enfance, une éducation rejetant la sexualité, la religion, le tabou social ou encore la méconnaissance de son corps, de sa sexualité et de ses sensations. Tout cela peut créer un blocage. Nos différentes croyances autour de l’intimité et de la sexualité influencent notre vie, que ces croyances soit culturelles, familiales , institutionnelles, etc…
3. LES CAUSES PSYCHOLOGIQUES
Les causes psychologiques viennent créer une interférence dans le processus du plaisir et du bon fonctionnement de la sexualité. Le symptôme douloureux est le signal d’un mal être, d’un événement traumatique, d’un inconfort ou d’une peur. La douleur vient révéler une problématique sous-jacente présente chez l’individu. Les cognitions et émotions négatives créent un dysfonctionnement et des comportements d’évitement. C’est pour cela qu’il est important de travailler le corps et esprit.
Les causes psychologiques peuvent être dues à : un trauma (abus, viol, violence, phobie…), un sentiment de peur (peur d’une grossesse, de la douleur, de la pénétration ou peurs autres), le stress, la fatigue, la dépression, un manque d’excitation (qui peut évoluer vers un sentiment de dégoût), un conflit entre partenaires, un rejet du/de la partenaire, un rapport conflictuel avec son propre corps ou son plaisir, etc.
Généralement dans ces cas-ci l’esprit va bloquer le corps, créer des tensions corporelles et/ou des tensions dans l’intimité et il sera difficile d’être pleinement impliqué dans les relations intimes.
LE PROCESSUS DU CERCLE vicieux : Un effet boule de neige.
La dyspareunie entraîne souvent un sentiment de honte avec l’impression de ne pas être normal.e, un sentiment d’angoisse par peur de la douleur ou de ce qu’autrui pourraient penser ainsi qu’un une perte de confiance en soi , ainsi qu’une baisse de libido.
Si elle n’est pas prise en charge, l’appréhension et les douleurs peuvent empirer voir évoluer vers du vaginisme chronique(cf ci-dessus).
Le fait de ressentir de manières répétées des douleurs lors de relations intimes, pourra créer une appréhension des prochaines pénétrations ou même de la moindre intimité et entraîne dans une spirale où règne la peur à la douleur et souvent des comportements d’évitement.
Pour éviter ce cercle infernal, il est important de prendre en charge ces douleurs en consultant un soignant afin d’éliminer/soigner les causes physiologiques.
QUELLES PISTES DE SOLUTIONS
*Utilisez du lubrifiant (à base de silicone c’est encore mieux, ça glisse beaucoup plus et plus longtemps), qui permettra d’hydrater la zone vulvaire et favorisera la pénétration sans douleurs en limitant les frottements. Surtout ne forcez jamais et stoppez tout de suite si cela fait mal, cela ne ferait qu’ augmenter les douleurs.
*Réappropriez votre propre corps et ses sensations, c ‘est tout d’abord le VOTRE ! C’est une étape cruciale dans le processus de guérison, d’évolution .
Faire connaissance et créer un lien avec son corps passe par l’observation, les caresses, l’exploration, la masturbation ou la pleine conscience. Connaître son corps, ses sensations et ses envies permet de plus facilement s’écouter et respecter ses limites. Il est aussi possible d’utiliser des toys ou des dilatateurs vaginaux progressifs pour prendre conscience de son anatomie, ressentir peu à peu les sensations de la pénétration et s’habituer des formats évolutifs. (/!\ Important de ne pas forcer pour que ça rentre et ‘’écarter’’ les parois vaginales).
* Vous pouvez également utiliser des anneaux de confort pour »régler » la profondeur de la pénétration. Ce sont des anneaux souples en polymère qui permettent d’amortir la pénétration et donc de limiter des douleurs.
*Si vous êtes dans une période de stress ou de fatigue, ce sera sûrement éphémère et il est préférable d’avoir des relations plus douces (Slow sex) avec des positions moins douloureuses, voire éviter les relations pénétratives pendant quelque temps.
*L’utilisation d’un coussin en forme de donut peut soulager, appliquer des packs de gel froid sur la vulve et le gel anesthésique lidocaïne peuvent également apaiser la région et aider à hydrater la vulve si elle est sèche.
* Les dilatateurs vaginaux : Les dilatateurs progressifs vont permettre de prendre conscience de son anatomie, d’aider à détendre et »élargir le vagin ». Ils vont permettre également de lutter contre la contraction involontaire des muscles du vagin ainsi qu’appréhender la pénétration, voir que le corps est assez large pour accueillir un pénis.
*Si les douleurs perdurent, dirigez vous vers une prise en charge par un.e kiné, ostéopathe, sage-femme, sexologue/ psychologue.
Il faut en quelque sorte rééduquer le corps et l’esprit, les relier pour avancer. La prise en charge psychologique, sexologique, les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC) ou encore l’hypnose sont de bons outils pour aider à débloquer le corps et l’esprit, à mettre au clair le blocage et ses raisons, à chasser les pensées négatives et/ou envahissantes liées à la sexualité ou au blocage. Le psychologue ou sexologue viendra travailler sur le rapport, réel ou imaginaire, que la personne a de son corps, sa sexualité et son fonctionnement. Bref c’est un chemin vers vous même et votre bien être.
VIVRE UNE SEXUALITÉ EPANOUIE
Tout d’abord, il faut prendre conscience que la pénétration n’est en aucun cas obligatoire ou nécessaire pour donner ou recevoir du plaisir.
Ce ne sera pas moins ‘’du vrai sexe’’ et pas moins agréable. Explorer une sexualité non pénétrative seul.e ou à plusieurs devrait faire partie de la norme et peut se révéler merveilleuse. Elle peut se composer de baisers, étreintes, caresses, de frottements (clitoris externe, mains, bouches, pieds, cuisses, sexes, seins, objets, etc.), masturbation mutuelle, de pratiques bucco-génitales, de pratiques anales, de massages, jeux d’impact, jeux bondage, dirty talk, méditation orgasmique, etc.
Ce peut être l’occasion d’érotiser de nouvelles pratiques, de nouvelles zones du corps, telles que la nuque, les oreilles, les mains, etc
Même sans pénétration, la sexualité, l’intimité et le désir peuvent être divers et variés et tout aussi délicieux que des pratiques pénétratives vaginales .
ET RESPECTER LES RÈGLES DE BASE :
- Utiliser du lubrifiant (à base de silicone c’est encore mieux)
- Ne pas se forcer si on n’en a pas envie ou si on a mal ou si on aime pas. La douleur n’est pas normale si elle n’est pas voulue !
- Respecter son corps, ses ressentis et son temps de guérison
- Prendre son temps
- Ne pas hésiter à demander de l’aide et trouver un soignant qui nous écoute
ET SURTOUT NE DESESPEREZ PAS, DES SOLUTIONS EXISTENT !!! BELLE DÉCOUVERTE DE VOUS MÊME
P.S : Si vous avez des questionnements ou l’envie d’être réorienté vers un professionnel de la santé concernant cette problématique, n’hésitez pas à nous contacter.